Cela faisait des années que le débat tournait en rond, à grands renforts d’accords entre la FFR et la LNR : les “premiums” restaient à la maison, les jeunes partaient en tournée. Mais 2025 pourrait bien marquer la fin de ce principe. À l’approche de trois tests en Nouvelle-Zélande (les 5, 12 et 19 juillet), la pression monte, et pas seulement du côté des joueurs. Elle s’installe dans les bureaux, où les discussions entre la Ligue et la Fédération débutent.
Romain Ntamack, Grégory Alldritt, Emmanuel Meafou… Les noms s’enchaînent, les envies s’affichent. Tous veulent être du voyage. Et on les comprend. Une tournée en Nouvelle-Zélande reste l’un des graals du rugby international. “Si tu veux être le meilleur, il faut battre le meilleur”, a résumé Meafou. Le discours est limpide : les joueurs veulent aller se frotter aux Blacks, sur leurs terres, avant de rêver à l’Australie en 2027.
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Galthié prêt à bouger ses lignes
Fabien Galthié, sélectionneur d’un XV de France conquérant mais soucieux de ménager ses hommes, n’a jamais voulu emmener ses premiums l’été. Sauf que cette tournée ne ressemble à aucune autre. Elle arrive à deux ans d’un Mondial, face à un adversaire de référence, et peut servir de base à un groupe qui a besoin de se frotter au très haut niveau. Lui-même l’a dit : “Aller gagner une tournée en Nouvelle-Zélande, c’est énorme.” Et il ne ferme plus la porte à cette idée.
La LNR, de plus en plus souple
C’est sans doute la plus grande nouveauté : la Ligue n’est plus butée sur son refus catégorique. Depuis l’arrivée de Yann Roubert à sa présidence, les discussions ont repris sur un ton plus conciliant. La réunion du 17 avril avec la FFR pourrait même déboucher sur des “dérogations” à l’accord signé en octobre, qui exclut en théorie les finalistes du Top 14. Une brèche s’ouvre. Reste à savoir si elle sera suffisante pour y faire passer Ntamack, Alldritt ou Ramos.
Personne ne veut “cramer” les joueurs. Le planning est serré : finale du Top 14 le 28 juin, tests en Nouvelle-Zélande du 5 au 19 juillet. Mais pour certains internationaux, un temps de repos reste envisageable avant de se remettre en selle pour trois semaines. Les clubs, eux, pourraient être tentés d’accepter, à condition d’avoir des garanties claires sur le calendrier… et le salary cap.
Gagner en 2025, penser à 2027
Ce que la FFR, la LNR et les clubs ont en tête, c’est aussi l’héritage. Les tournées, comme le rappelle William Servat, forgent les hommes et les groupes. “En 2009, c’est là qu’on a vu les caractères de chacun”, expliquait le coach des avants pour le Midi Olympique. Deux ans plus tard, la France jouait une finale mondiale. Alors oui, cette tournée pourrait coûter cher physiquement. Mais elle pourrait rapporter encore plus à long terme. Et pour certains Bleus, ce sera peut-être la seule de leur carrière au pays du rugby.
Le rendez-vous est pris. Il ne reste plus qu’à savoir qui fera le voyage. Et si le XV de France se donnera enfin les moyens de rêver très grand.