Affronter les All Blacks cet été avec certains cadres du XV de France comme Romain Ntamack et Gregory Alldritt. Certains en rêvent. À commencer par les joueurs eux-mêmes au sortir d'un titre dans le 6 Nations. Mais est-ce raisonnable ? Interrogé à ce sujet par Le Figaro, le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié a tenu à remettre les choses au clair concernant la tournée estivale 2025.
"La santé des joueurs passe avant tout"
XV DE FRANCE. Sanctionné, critiqué, puis impérial : comment Ntamack a (discrètement) marqué le TournoiInterrogé sur la présence des stars tricolores en terre néo-zélandaise l’été prochain, le sélectionneur a d'abord posé un principe clair : "Si on trouve un aménagement, on peut y réfléchir. Sinon, franchement, si c’est pour se dégrader physiquement, nous mettre en danger jusqu’à 2027, ça n’a aucun intérêt." Pour Galthié, l’objectif n'est pas seulement de réussir une tournée, mais de préserver ses joueurs sur le long terme. Un constat qui ne doit pas plaire à une partie des supporters tricolores qui aimeraient voir la France défier les All Blacks avec ses meilleurs atouts.
Ce serait égoïste de simplement dire : « Je veux la meilleure équipe possible pour aller défier les All Blacks. » Mais qu’est-ce qui compte en premier ? C’est la santé des joueurs.
Le staff tricolore suit de près la charge de travail de ses internationaux : "Les internationaux en sont environ à 20 matchs depuis le début de la saison. Ils peuvent la finir à 35 s’ils jouent tout." Un volume qui dépasse les recommandations de World Rugby, qui préconise une limite à 2000 minutes annuelles. Avec les nouvelles technologies comme les protège-dents connectés, l’impact des contacts est mieux analysé, et les chiffres sont formels : trop de matchs mettent la santé des joueurs en danger.
Un sacrifice nécessaire ?
Dans un calendrier déjà surchargé, cela va également à l'encontre de déclarations de ces mêmes joueurs. On se souvient de Grégory Alldritt avait pris plusieurs semaines de repos après la Coupe du monde 2023 pour se reposer mentalement et physiquement. Quant à Ntamack, il avait confié à regret qu'une blessure était parfois la seule façon de couper avec le rythme effréné de la saison. Dans la convention actuelle, les finalistes du Top 14 ne partent pas en tournée. Mais peut-on imaginer du cas par cas pour des internationaux qui n'auraient pas autant de rencontres dans les jambes ?
TOP 14. La profondeur d’effectif du Stade Toulousain (encore) mise à l’épreuve, la composition probable face à l'UBBFace à l'envie de ses ouailles, Galthié les met face à la réalité : "Nous avons décidé de ne pas prendre certains joueurs lors des tournées d’été pour sacraliser une période de récupération." Car emmener les cadres en Nouvelle-Zélande signifie les mobiliser jusqu’au 20 juillet. Reste alors une question cruciale : "Est-ce que ces joueurs peuvent passer un accord avec leur club pour qu’ils soient à l’arrêt deux mois ensuite, c’est-à-dire sans compétition jusqu’à fin septembre ?" Peu probable quand on connaît la pression des clubs sur leurs internationaux.
Un choix déterminant pour la Coupe du monde 2027
Les priorités du staff sont claires : préserver ses joueurs pour les grandes échéances. "Je veux bien prendre des joueurs qui ont 35 matchs, mais c’est du court-termisme", tranche Galthié. L’échéance 2027 est déjà dans toutes les têtes, et brûler des cartouches maintenant pourrait avoir de lourdes conséquences. Entre la tournée de novembre et le Tournoi des 6 Nations 2026, la dette de régénération pourrait coûter cher à ceux qui tirent trop sur la corde.
Ntamack, Alldritt et d'autres leaders du groupe pourraient donc être laissés au repos cet été, au profit d’une nouvelle génération. Une opportunité pour voir briller des joueurs comme Léo Barré, Attissogbe ou encore Nolann Le Garrec. Et de voir pourquoi pas émerger de nouveaux talents. Ce qui est plus intéressant à long terme que de "tester" les premiums face aux All Blacks. Rien n’est arrêté, mais la volonté de Galthié est affichée : préparer l’avenir sans sacrifier la santé de ses cadres. Le feuilleton ne fait que commencer, et il faudra suivre de près les discussions entre joueurs, clubs et staff des Bleus pour savoir qui défiera les All Blacks en 2025. Une certitude : Galthié ne transigera pas sur la gestion de son effectif.