À l’image des pénalités rapidement jouées à 5m de la ligne d’en-but, les équipes de rugby sont de plus en plus créatives pour essayer de marquer des essais dès la première phase de jeu. On pense notamment aux Barbarians, spécialistes de techniques surprenantes pour créer des différences dans les défenses adverses. Le Stade Toulousain s’est également distingué dans ce domaine, en s’appuyant sur la puissance de son seconde ligne international : Emmanuel Meafou.
Au-delà des pénalités rapidement jouées, on remarque un grand nombre d’essais inscrits en première main. Des actions généralement conclues par des joueurs des lignes arrières, souvent des ailiers, qui terminent le mouvement grâce à leur vitesse, qui permet d’exploiter les espaces créés par un mouvement collectif. Ce style d’essai a évidemment toujours existé, particulièrement chez les grandes équipes All Blacks, mais différents points permettent d’expliquer l'augmentation de cette catégorie d’essai.
Des défenses plus agressives
Avant de détailler la volonté offensive des équipes de scorer rapidement dès la première phase de jeu, un des principaux axes de ce développement revient sur l’évolution des défenses. C’est ce que propose la quasi-totalité des sélections internationales, notamment les doubles champions du monde Springboks. Les lignes de défenses montent extrêmement vite sur le premier porteur de balle après les phases de conquête, pour tenter de mettre la pression et d’empêcher l’adversaire de développer son mouvement.
Une tactique efficace en cas de plaquage réussi, mais qui peut rapidement se tourner en occasion franche d’essai en cas de duel perdu en défense. L’essai de Damian Penaud, lors de la victoire historique (53-10) contre l’Angleterre, illustre ces propos. Suite à un magnifique mouvement du XV de France, après une touche, l’ailier Antony Watson cherche à combler le décalage créé par les Bleus, en réalisant une montée en pointe sur Ethan Dumortier. Le Lyonnais arrive malgré tout à transmettre le ballon sur les ailes avec une passe sur un pas, qui permet à Damian Penaud de conclure cette belle action.
Ces montées ultra-rapides s’expliquent par cette volonté de vouloir récupérer rapidement le ballon, mais aussi pour empêcher des joueurs puissants de gagner la ligne d’avantage rapidement. Pour arriver à gagner du terrain en défense quand on affronte des centres comme Bundee Aki, Manu Tuilagi ou encore Semi Radradra, il paraît indispensable de ne pas les laisser se lancer suite à une touche ou une mêlée.
Bien que risqué en cas de plaquage manqué ou de mauvaise lecture, ce type de montée défensive semble logique pour éviter de perdre trop de terrain. Et de subir face à une équipe comme l’Afrique du Sud, qui s’appuie énormément sur des joueurs comme Damian De Allende pour fixer les adversaires au centre du terrain.
L’atout de la passe au pied
À l’image du duo bordelais Matthieu Jalibert / Louis Bielle-Biarrey, les demis d’ouverture n’hésitent pas à réaliser des passes au pied pour leurs ailiers dès la première phase de jeu. Une particularité que l’on retrouve généralement face à des défenses inversées, coupant rapidement les extérieurs avec des montées en pointe des joueurs sur les ailes. Cette tactique se montre d’autant plus efficace avec des ailiers supersoniques comme Immanuel Feyi Waboso ou encore Matthis Lebel. Il s'agit d'ailleurs d'une des spécialités du numéro dix écossais Finn Russell.
Des nouveautés en touche
Les essais en première main sont également dus à de nouveaux mouvements réalisés après la conquête du ballon en touche, avec des combinaisons entre avants et trois-quarts. Une des tactiques que l’on retrouve régulièrement proche des lignes d'en-but adverses consiste à réaliser une feinte de maul. Au lieu de rester au cœur du ballon porté pour tenter d’avancer collectivement, le relayeur s’extirpe du regroupement pour attaquer des zones libres autour du maul en construction.
Il s’agit souvent du talonneur ou d’un troisième ligne qui attaque un espace autour du demi d’ouverture côté ouvert ou la zone du demi de mêlée dans le couloir. Cette tactique dépend évidemment des profils des joueurs, elle sera plus efficace avec des profils de talons dynamiques comme Dan Sheehan, Peato Mauvaka ou Pierre Bourgarit.
Si on ajoute à cela la règle du 50/22, qui permet désormais à des équipes d’obtenir plus de touches dans la zone de marque, les occasions de marquer des essais en première main augmentent logiquement.
Les combinaisons ont évolué, mais toujours existé
Il est difficile d’affirmer unanimement que le rugby actuel produit plus d’essais en première main que les générations précédentes. Cependant, la transformation des profils des joueurs et la modification des règles provoque des différences notables, que ce soit au niveau défensif ou dans d’autres secteurs comme le jeu au pied offensif. Des équipes comme les All Blacks ont toujours fait rêver les amateurs de rugby en innovant avec des mouvements peu habituels, comme cet essai de l’arrière Christian Cullen. Une combinaison qui a eu lieu lors d’une rencontre entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie lors d’un match des Tri Nations. La ligne de trois-quarts des Néo-Zélandais était notamment composée de Jonah Lomu, Tana Umaga et Andrew Mehrtens.